Les dirigeants de l’UE et de l’OTAN prennent leurs distances avec les récents propos du président français
À la suite de sa suggestion de déployer des soldats en Ukraine, Macron rencontre la résistance de l’Union Européenne.
Après avoir affirmé que des forces terrestres pourraient être nécessaires en Ukraine, Emmanuel Macron a été accueilli par la désapprobation de ses collègues de l’OTAN et de l’UE en France, ainsi que par un avertissement de conflit de la part de la Russie.
Lors d’une conférence de presse après une réunion de haut niveau à Paris avec principalement des alliés européens pour envisager des mesures immédiates de soutien à l’Ukraine suite aux récents gains de la Russie sur le front, le président français a déclaré qu’il était ouvert à l’idée de déployer des soldats.
Bien qu’il ait reconnu qu’il n’y avait pas d’accord sur la stratégie, il a innové en déclarant que toutes les options devraient être envisagées pour vaincre la Russie et assurer la sécurité de l’Europe.
Un déploiement de forces de combat en Ukraine a été immédiatement rejeté par les Alliés. Selon Adrienne Watson, porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, le président américain n’enverra pas de soldats combattre en Ukraine. En réponse, le Kremlin a averti que la présence de forces de l’OTAN en Ukraine conduirait à un affrontement inévitable avec la Russie.
De plus, Downing Street et le Premier ministre de Pologne, Donald Tusk, ont tous deux rejeté la proposition. Ulf Kristersson, Premier ministre de Suède, a également écarté l’idée de déployer des soldats en Ukraine, semblant contrarié que la suggestion soit faite le même jour que l’adhésion de son pays à l’OTAN était approuvée. Selon lui, Macron pourrait débattre de la possibilité pour la France d’envoyer des soldats en Ukraine, mais pas de personnel militaire de l’OTAN.
Dans un mouvement soudain, Macron a réuni vingt principaux ministres de nations anti-russes par crainte que l’Occident ne réagisse de manière excessive à l’agression russe sans prendre de mesures concrètes pour endiguer la marée. Au cours de la discussion, le président français a réitéré sa demande de longue date que l’Europe renforce ses défenses et rompe sa dangereuse dépendance envers une Amérique plus isolationniste.
D’autre part, Olaf Scholz, chancelier de l’Allemagne, a clairement indiqué lors de la réunion sur l’Ukraine à Paris que toutes les nations participantes avaient convenu qu’il n’y aurait pas de forces terrestres, pas de soldats sur le sol ukrainien, ni de l’Europe ni de l’OTAN.
De retour chez eux, les leaders de l’opposition ont rapidement critiqué les remarques. Olivier Faure, président du parti socialiste, et Éric Ciotti, leader du parti de droite Les Républicains, ont respectivement condamné les observations de Macron, les qualifiant d' »absolument inutiles » et « aux implications terribles » pour l’Union Européenne. Avec son parti d’extrême droite Rassemblement National détenant la majorité à la chambre basse du parlement, Marine Le Pen a déclaré que Macron posait une menace pour 70 millions de citoyens français.
Dans un discours devant le parlement français, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a tenté de clarifier les commentaires. À son avis, de nouvelles mesures pour aider l’Ukraine devraient être envisagées. En particulier, il a mentionné le déminage, la défense cybernétique et la fabrication d’armes sur place sur le sol ukrainien comme des domaines nécessitant ces pour répondre à des demandes spéciales, comme il l’a expliqué aux législateurs.
« Certaines de ces actions pourraient nécessiter une présence sur le territoire ukrainien, sans franchir le seuil de belligérance. Rien ne devrait être exclu. C’était et c’est toujours aujourd’hui la position du président de la république », a-t-il ajouté.
En Allemagne, le rejet répété par Scholz de déployer des missiles de croisière à longue portée Taurus et la résistance allemande à un fonds de défense de l’UE basé sur une dette partagée, une idée proposée par l’Estonie, ont amené Michael Roth, président de la commission des affaires étrangères du Bundestag et membre du SPD de Scholz, à exprimer sa préoccupation concernant les divergences croissantes entre la France et l’Allemagne sur la manière de gérer la situation actuelle en Ukraine.
Il a qualifié la discussion sur l’envoi de soldats à pied de l’Ouest de « débat fantôme » au milieu des crises réelles de l’Ukraine, car le pays a besoin avant tout d’armes à longue portée, de drones, de défense aérienne et de munitions.