Les entrepôts français d’Amazon condamnés à une amende de 32 millions d’euros pour surveillance des employés.
L’agence française de protection des données a annoncé avoir infligé une amende de 32 millions d’euros à l’unité des entrepôts français d’Amazon pour un système de surveillance « excessivement intrusif » visant à suivre les performances du personnel.
Amazon France Logistique surveillait le travail de ses employés notamment grâce aux données des scanners utilisés par le personnel pour traiter les colis, selon la CNIL, l’agence française de protection des données.
Les scanners alertaient la direction en cas d’inactivité dépassant 10 minutes ou lors de la manipulation de colis et de paquets « jusqu’à la seconde », a déclaré la CNIL dans un communiqué.
Surveillance continue
L’une des méthodes de surveillance ciblées par la CNIL était l’utilisation des prétendus « mitraillettes de rangement » pour noter si un article était scanné « trop rapidement », c’est-à-dire en moins de 1,25 seconde.
Elle a précisé que les travailleurs étaient constamment sous pression et devaient régulièrement justifier leurs absences. Même le temps écoulé entre l’entrée des employés dans l’entrepôt et le début du travail était surveillé.
L’agence a ajouté qu’ils n’étaient pas suffisamment informés de la surveillance, les données étant conservées pendant 31 jours.
La surveillance a été jugée contraire au règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE, qui impose des règles strictes aux entreprises pour obtenir le consentement sur l’utilisation des informations personnelles.
L’amende équivalait à environ trois pour cent du chiffre d’affaires annuel d’Amazon France Logistique, qui a atteint 1,1 milliard d’euros en 2021, pour un bénéfice net de 58,9 millions d’euros.
Plusieurs milliers d’employés ont été affectés par ces systèmes, a déclaré la CNIL, qui avait ouvert son enquête en 2019 suite à des articles de presse et des plaintes de travailleurs.
Le régulateur a qualifié l’amende de « presque sans précédent » et proche du maximum de quatre pour cent du chiffre d’affaires de la CNIL.
Réaction d’Amazon
Un porte-parole d’Amazon a déclaré que l’entreprise rejetait les conclusions comme étant « factuellement incorrectes », tout en ajoutant que de tels systèmes étaient nécessaires « pour garantir la sécurité, la qualité et l’efficacité ».
L’entreprise emploie environ 20 000 personnes en contrat permanent en France, avec les travailleurs d’entrepôt répartis dans huit centres de distribution massifs.
David Lewkowitz, président d’Amazon France Logistique, a déclaré à l’agence de presse française AFP lors d’une visite dans son entrepôt près de Douai, dans le nord de la France, ce mois-ci, que les outils de gestion étaient nécessaires pour la manipulation précise des dizaines de milliers de colis qui passent chaque jour par les centres.
Les « mitraillettes de rangement », par exemple, visent à garantir que les employés vérifient correctement les articles pour les dommages ou autres problèmes avant qu’ils ne soient scannés pour l’expédition de manière conforme aux règles de sécurité, a déclaré Amazon dans son communiqué.
Mesurer le « temps d’inactivité », quant à lui, ne vise pas à contrôler chaque mouvement d’un travailleur, mais à garantir que toute anomalie dans la chaîne d’approvisionnement soit rapidement examinée et corrigée.
Cependant, Amazon a déclaré qu’en réponse aux conclusions de la CNIL, elle désactiverait la possibilité pour les « mitraillettes de rangement » de signaler les vitesses de manipulation et prolongerait les avertissements de « temps d’inactivité » à 30 minutes au lieu de 10.